Zurich a une longue tradition des graffiti. Mais depuis quelques jours, les sprayages atteignent des dimensions hors-normes avec l'apparition d'une nouvelle méthode: la peinture à l'extincteur.
1/8 Le symbole «2047» est étroitement lié à la scène alternative zurichoise. Depuis plus de vingt ans, les habitants de la ville découvrent régulièrement, au matin, les quatre chiffres peints sur d'autres murs et façades de la cité.

Sur plus de 10 mètres de hauteur, on devine «2», «0», «4» et «7» peints sur la façade d'un bâtiment de la Heinrichstrasse. Le chiffre est connu des Zurichois comme l'un des symboles récurrents qui s'affichent, depuis plus de vingt ans, sur les murs de la ville.

La méthode par contre est nouvelle: les «artistes underground» ont abandonné les petites bonbonnes pour un outil plus radical: l'extincteur.

"Vandalisme ou art, c'est un objet extraordinaire, dans tous les sens du terme", commente Gabriela Domeisen. Pour elle qui repère et documente avec sa caméra l'évolution du «street art», c'est en tout cas du jamais vu en ville de Zurich.

Pour atteindre pareille hauteur et pareille surface, les sprayers se sont vraisemblablement rendus sur le viaduc ferroviaire en face du bâtiment. Encore fallait-il atteindre la façade: «Ils ont sans doute utilisé des extincteurs», suppose Gabriela Domeisen. Ce que confirme le porte-parole de la police Michael Wirz, interrogé par Newsnet/tagesanzeiger.ch

La méthode est connue de la police. Le bricolage qui permet de transformer un extincteur en bonbonne géante permettant de sprayer à plus de dix mètres circule sur Internet. Jusqu'ici, les graffiti de grandes surfaces étaient réalisés le plus souvent avec des rouleaux de peinture attachés à des perches.
Les méthodes et les surfaces changent, car les grapheurs sont en compétition entre eux. «Qui spraye une grande surface et, de surcroît, un bâtiment récent, s'attire le respect des autres», explique une personne proche du milieu, qui en l'occurrence parle de «culture parallèle».
La société Elektro-Material, propriétaire de l'immeuble de la Heinrichstrasse, ne le voit pas du même œil. Kurt Stübli, son directeur, il ne distingue pas une once d'art dans ce «barbouillage de couleurs».
Plainte a été déposée. Remettre la façade en état coûtera près de 30'000 francs, explique Kurt Stübli, qui sait toutefois que son bâtiment, souvent victime des spayers, pourrait ne pas rester longtemps immaculé. «Les paris circulent déjà dans la maison sur la prochaine couleur», reconnaît-il avec un certain humour.
Les auteurs de ces graffiti XXL risquent déjà gros. Les responsables de la Centrale d'incinération des ordures, qui s'orne aussi depuis peu d'un «2047» géant, ont aussi porté plainte. Ils feront effacer l'«œuvre» dans la semaine, «pour éviter de récompenser ses auteurs».
Même si le chiffre-symbole 2047 apparaît régulièrement depuis plus de vingt ans sur les murs et façades de la ville, la police n'est pas parvenue jusqu'ici à mettre la main sur l'un de ses auteurs. La ville enregistre chaque année près de 2000 plaintes suite à des sprayages.
En 1981, le «sprayer de Zurich», Harald Naegeli, avait été arrêté et condamné à plus de 200'000 francs d'amende et neuf mois de prison, peine dont il s'était acquitté en 1984. Reconnu depuis comme artiste, il vit à Düsseldorf, en Allemagne.
source:
http://www.tagesanzeiger.ch/zuerich/sta ... y/23006950