romse a écrit:Le narrateur a commencé à tenir scrupuleusement le journal de son corps à l'âge de douze ans, en 1935.
Il l'a tenu jusqu'à sa mort, en 2010, à 87 ans.
Son projet était d observer les innombrables surprises que notre corps réserve à notre esprit d'un bout à l'autre de notre vie. Ainsi a-t-il finalement décrit toute l'évolution de son organisme.
Le résultat est le roman d'un corps qui tient moins du précis anatomique que de l univers malaussénien, car Daniel Pennac évite la froideur du constat médical en introduisant à chaque page des personnages, des situations, des dialogues et des réflexions qui font circuler le sang de l intimité dans ce corps autopsié que le lecteur, souvent, reconnaîtra comme étant le sien.
Fraîchement quitté, le narrateur examine au scalpel les différents états de sa solitude forcée, avec un humour déraisonnable. Ou comment transformer une catastrophe sentimentale en un désastre jubilatoire.
Désirant parcourir des terres inconnues, il quitte la France en 1816, mais ne réalise son rêve que onze ans plus tard. Il connaît d'abord deux échecs, doit revenir en France. Enfin, il se rend chez les Maures braknas, dans l'actuelle Mauritanie, d'août 1824 à mai 1825, pour apprendre la langue arabe et la religion musulmane. Comme l'a fait Jean Louis Burckhardt avant lui au Levant, il s'invente une nouvelle identité de musulman, qu'il endossera durant son voyage pour éviter de se faire tuer. Après avoir appris l'existence du prix qu'offrirait la Société de géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la ville de Tombouctou rendue mythique par les récits des voyageurs arabes du Moyen Âge et interdite aux chrétiens, il décide de partir, seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire, se faisant passer pour un humble lettré musulman.
C'est en 1931 que Kessel entreprit la rédaction de ce qui devait être un de ses plus beaux romans. L'idée de " Fortune carrée " lui vint sur le plateau volcanique de Sanaa en voyant " le Moscovite " caracoler sur l'étalon de l'imam du Yémen.
Cette histoire virile met en scène deux hommes violents et sans attaches : Hakimoff et Henri de Monfreid, dans un cadre époustouflant de beauté : le Yémen, la mer Rouge, l'Éthiopie-Somalie.
Un récit fulgurant qui s'inspire de la vie du grand voyageur que fut Kessel et de ses rencontres avec de fabuleux personnages Monfreid, mais aussi le sergent Hussein ou encore Gouri, le tueur aux bracelets de peau humaine. Un roman d'aventures épique et vrai.
Le géant
Wilfred Thesiger, notre Dieu, géant de l’exploration. Les Anglais l’appelaient « l’explorateur en costume trois pièces ». Il pratiquait l’aventure comme un exercice spirituel. De lui, on eût pu dire ce qu’écrit Conrad de son héros dans Au cœur des Ténèbres : « Son besoin, c’était d’exister, et d’aller de l’avant au plus grand risque possible et avec un maximum de privations ». Thesiger, pur produit de l’éducation britannique (Eton !), nous a donné des récits brûlants de séjours dans les ergs hostiles du sud de la péninsule saoudienne. Il y chante les vertus de l’ascétisme, de la camaraderie bédouine, de la fièvre guerrière, contre les valeurs viciées d’un Occident marchand. Dans Le désert des déserts, le documentaire que lui a consacré en 1991 le cinéaste Jean-Claude Luyat (produit par Les films d’ici et reprenant le titre du plus célèbre ouvrage de Thesiger), on suit le vieil explorateur sur ses propres traces dans le Rub-al-Khali. Il retrouve ses compagnons de caravane, plusieurs décennies après son expédition dans le royaume du vide… À la fin du film, Thesiger, après avoir déploré que la modernité a conduit « inévitablement leurs qualité les plus rares à s’éteindre », résume les vertus autrefois admirées chez ses amis nomades : « la générosité, le courage, l’endurance et la gaieté ». Je tiens là mes résolutions pour l’année prochaine !
Saf a écrit:Ya quelques formules bien trouvées et des idées génialement expliquées.
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